Le mascaron de la fontaine
qui me fait face,
grimace de tout son masque
de grés rose en colère.

Et sa peur et sa haine
se lisent sur ses yeux
encastrés dans la pierre,

figés à jamais
dans la neige
et le gel de l'hiver.

Toits de Strasbourg
au soleil blond septentrional,
tout pentus ou de guingois,

je monte sur vos tuiles
plissées d'ombre et de lumière,
pour voir la rouge cathédrale
baignée d'un doux soleil d'hiver.

Elle a le regard langoureux
des jours longs de juillet :
deux agates vert d'eau
à la place des yeux

qui nous toisent
intimes, à l'infini
dans les soirs bleus
de notre ultime été.

Un arbre dans le ciel solitaire
poudroie dans ce matin de cendre.
Un réverbère haut dans le jour gris
l'inonde de soie solaire.

Le soleil malhabile
trempé de rivière
comme un oiseau fragile
plonge dans le ciel bleu,

comme un moineau
cendré, vibratile
noyé dans son reflet,
comme Narcisse
au fond de l'eau.