Un arbre se reflète,
à la jointure de l'eau et du ciel.

Son image tremblée
trace sur l'eau qui dort
comme des graphes
noircis à l'encre de Chine,
des calligrammes d'Apollinaire.

Je te cueille dans mon rêve,
empreint de passé.

Tu me fais songer
aux sucres d'orge,
friandises d'enfance.

Ta soie est rouge et rose,
comme la rosée du soir
qui coulait sur mes joues
de petite fille effarouchée.

Je t'aperçois, couleur de brume
dans le ciel de silence.
Il fait gris en ce jour à Paris.

Reine d'acier, je te contemple
dans tes habits de fer ouvragé.
Pour moi, l'égarée,
tu es ma boussole,
mon phare enluminé.

Une pluie fine s'égoutte
sur les pavés trempés d'aube
où me portent mes pas.

Les arbres nus s'impriment
en filigrane sur le ciel gris
comme un poème inscrit
sur le ciel de Paris.

Comme la cathédrale
de sable rouge,
la pierre pourpre
des tours de Saint- Paul
flambe sous le soleil,

devient bleu roi
quand le soir se pose
sur ses flèches
effilochées d'ombre
de suie sombre
quand vient la nuit.