Fleurs frêles de sorbier
miroitent sous le ciel clair,
comme des bijoux
que la lune
aurait déposés la veille,

comme les vestiges
d'un papillon de soie
mort la nuit dernière,

lors d'une danse
aussi endiablée
que la mer
et sa rumeur au loin.

Entre deux fils de soie,
entre deux lignes noires,
je vois le ciel crénelé,
tamponné de nuages,

comme une mer bleue
pleine d'écume
coupée au cordeau
de la terre tout entière,

comme le parchemin
oú sont inscrits
mes rêves les plus fous.

Dans une petite ruelle,
dans une venelle
obombrée,

émerge un luminaire
et plus loin,
quelques silhouettes
graciles,

fragiles spectres,
ombres humaines
qui disent
toute la frêle fugacité
de l'existence.

Un homme glisse
sur l'eau bleue, pêche
quelques poissons d'argent
dans sa barque rouge
comme le couchant.

Il regarde l'oiseau au loin,
vers l'horizon éternel
la mer bleue comme le ciel
dans le soir à l'unisson.

Ton corps grège
se pare de soleil,
de teinte glaise
de la terre mère

que tu as peuplée
des êtres de ta chair
tuméfiée de silence.

Ton corps nu capte
la lumière du jour
déjà blet avant
de se froisser le soir
comme le palimpseste
de tes rêves.