Le ciel rose tombe sur la mer,
sur le sable et son ciel inversé.
L'or crépusculaire suinte
sur les arbres engloutis
de soir et de soleil,

lorsqu'avant la nuit,
le ciel s'embrase
comme une boule de feu,
une orange peinte
sur la mer bleue.

Fleur frêle  rose ou pourpre
percée d'or en son cœur,
échouée sur le trottoir
un soir de mauvaise lune,

son corps flétri par la nuit,
corps ivre de vagabond,
portant son mal de vivre
comme fragile écusson
cousu à même la peau.

Pétales roses, mouillés

de pluie ou de rosée.
Ciel gris qui scie
les moments de silence
au-dessus de nous.

Entre les mains,
recueillons
ces perles de rosée,
celles d'un soir,
celles de l'enfance, aussi,
qui me poursuit.

Sur la mer, le reflet des bateaux,
des cargaisons rouges et bleues.

Le ciel est une mer inversée
où percent les rayons
d'un soleil perpétuel,

où pointe la solitude du monde,
celle des marins pêcheurs,
le silence des oiseaux.

Penchés sur l'eau,
les arbres forment
un éventail végétal,
une haie de broussaille
qui filtre la lumière du soleil
l'or du soir, lorsque tombe
l'âpre noirceur de la nuit.