Elles avancent dans  le ciel,

les deux grues solitaires

deux fantômes d'acier 

cherchant lumière 

au firmament. 

Elles crient leur silence,

dans le noir épris de lumière, 

se rient du monde dans le soir

mordu d'étoiles et percé de poussière.

Je marche sur la banquise,
solitaire sous le soleil.
Mes pas s'enfoncent
dans la neige bleue
comme la trace sombre
d'un destin qui n'est plus,

comme un palimpseste
sur lequel glisse mon passé,
s'imprime un futur qui s'enfuit.

Féerie du soir
lorsque les branches
obombrées de la nuit
s'écartent
pour laisser passer
l'or de tes yeux,

lorsque les boules de feu,
billes rouges ou bleues,
raient de cristal
la surface effarée de tes cieux,
la morsure lumineuse des étoiles.

Sur le capot humide
d'une voiture
des feuilles d'automne
tombent d'or et de feu
sur un ciel bleu reflété.

C'est l'automne et son charroi
de soleil tendre.
C'est l' automne et ses graines
de pluie et de cendre.

Arbre trempé de feuilles d'or,
ces éventails laqués
qui miroitent
au doux soleil de novembre,

lorsque le ciel de bronze noie
les cîmes des arbres,
lorsque les nuages d'or blanc
s'allient au vif-argent
des oiseaux,
à l'or fugace des étoiles.