Je me souviens
du parc du Luxembourg,
quand des châteaux de sable
servaient de remparts
à mes peurs,

quand, roses encore,
juste en face du Sénat,
les voiliers de papier
ricochant sur l'eau bleue,
m'emplissaient de folle joie.

Un arbre dans le soir
s'imprime à l'encre noire
de mon ciel de silence.

Ses branches diaphanes
sont comme des lianes
dans la nuit bleue,

comme la paille touffue
de son habit diurne
pourfendu par la lune,
la trajectoire de mon vécu.

Je vois un arbre au loin
qui se dessine.
Une boule de feu le plonge
dans la lumière tamisée du soir
presque le crépuscule.

Je vois ses branches glabres
s'agiter dans le vent,
un frisson minuscule
s'élever dans la brume
du couchant.

Deux peupliers
forment les deux voiles
ajourées d'un voilier
sur un ciel de silence

Tourbillonnante,
sur ce bateau ivre, j'erre
sur ce navire errant qui tangue
dans le vide, dans le vent.

Je vois un cercle de ciel
et des bateaux à foison.
Je vois une église de grès
qui ressemble à la cathédrale,
en plus neuf et moins magistral.

Je vois un pont de pierre
enjambant la rivière.
Je vois un cygne
et son ciel bleu à l'unisson.