Dans le ciel,
des ramures d'arbres
qui s'accrochent,
des ailes de corbeaux
qui pendent
comme des pages
noircies d'encre.

Dans le ciel,
s'inscrivent aussi
ton regard de silence
et tes yeux sans voix.

Tes branches d'hiver,
percées de poussières,
de débris de feuilles mortes,
exsangues, sans bourgeons
s'inscrivent dans le ciel,

comme des lettres de soie noire
tracées à l'encre de Chine,
des arabesques errantes
dans l'aube bleue du soir.

Ils s'inscrivent dans la lueur
troublée du ciel,
dans cette lumière froide,
orangée qui tremble,

comme deux gyrophares
dans la brume fraîche
qui vacille,

comme deux sémaphores
dans l'éternité mate
de leur nuit d'ombre.

J'ai fait un tour de manège
comme autrefois.

Je suis montée
sur le cheval de bois
qui m'élançait dans les airs
et transportait ma joie.

Sur ce manège,
j'ai rêvé d'enfance,
un soir d'innocence,
sans savoir
que je te voyais
pour la dernière fois.

Lorsque je te contemple,
le soleil irradie mes prunelles
et ma vie défile à toute vitesse

comme un film qui se déroule
en noir et blanc ou parfois ambré

dans le silence de ma mémoire,
dans le silence trouble
de  mon passé.